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Photo du rédacteurVincent Auriac

2022, année compliquée pour l'ISR ?


🎙Passage en plateau ce mardi 13 décembre 2022 chez BFM Business au micro de Guillaume SOMMERER.


Annus horribilis, 2022 ?

La notation ESG a failli lourdement par deux fois. En janvier avec ORPEA (-90%).

En décembre avec TELEPERFORMANCE, avec une baisse de 35% pas complètement récupérée (-15%) malgré les efforts de l’entreprise.

Le greenwashing s’est ajouté au dictionnaire de l’ISR avec plusieurs articles de presse.

Sans parler des reclassements en série de fonds article 9. Et de Proxinvest qui passe sous pavillon américain.

Et pourtant on n’a jamais eu autant besoin d’ISR avec un changement climatique et une pauvreté qui progresse sur fond d’inflation.



Comment en est on arrivés là ?

Il y a eu légèreté générale que ni les Labels ni la réglementation n’ont réglé par manque d’exigence.

L’ISR doit être un territoire d’excellence. Cela a été oublié.

La guerre en Ukraine entraîne un choc énergétique. Toujours le signal prix ! Il a fallu que ce signal entre dans la comptabilité pour que les acteurs réagissent.


Vous proposez votre propre méthodologie, dont on a envie de dire qu'elle vient s'ajouter à toutes les autres. Vous croyez surtout dans la vôtre mais de l'extérieur, c'est une de plus et elle vient confirmer qu'il existe 1 000 approches possibles en matière ESG. Votre approche ne sera pas celle d'autres acteurs, et celle d'autres acteurs ne sera pas la vôtre. Vous c'est le seul score carbone qui vous intéresse. Si on se limite à ce critère du score carbone, quelles valeurs cotées en Bourse ne devraient selon vous surtout pas, mais alors surtout pas, faire partie de quelconques portefeuilles ?

Je dirai même qu’il en existe 66 millions, autant que de Français !

Une très grande proportion de fonds ISR avaient du Orpea / Teleperformance : il est très compliqué de juger le social aujourd’hui. Pourquoi ? Car la donnée n’est pas fiable et subjective.

Chez Axylia, on ne prétend pas faire si ce n’est pas fiable.

Nous sommes les premiers à sortir de la logique de notation ESG en convertissant en euros l’intégralité des émissions de CO2.

Vous voulez un exemple ? Nous venons d’étudier Air France.

Sur un billet d’avion de 100 euros, le résultat d'exploitation ne dépasse pas 5€.

Le coût des dommages associés au CO2 émis représente plus de 11€. Une fois ajusté de cette facture carbone, la société passe en forte perte.

Total, Airbus, Arcelor, Michelin, Engie, Stellantis, Credit Agricole et Saint Gobain ont toutes des factures carbone supérieures à 10 milliards d’euros. Elles vont devoir intégralement se réinventer.


La montée en exigence des fonds article 9 en 2023, une bonne nouvelle ?

Oui forcément mais si les flux se maintiennent alors il y a un risque de bulle : peu de valeurs éligibles pour 100% de la collecte qui est très forte. Car seuls les fonds articles 9 collectent. Et on aura d’autres crash comme pour Téléperformance si la réputation n’est pas au rendez vous. Les attentes sont très fortes et en cas de mauvaise nouvelle, la bulle se dégonfle.


Que nous dit le déclassement d'un certain nombre de fonds d'article 9 à article 8 ? Est-ce justement le signe de la fin du greenwashing ?

Il faut faire preuve d’humilité et de transparence. Selon MSCI, seulement 16% des sociétés cotées sont alignées sur les Accords de Paris. Nous avions sorti une étude convergente il y a un an pour indiquer que seuls 28% des fonds pouvaient payer leur facture carbone. C’est très simple on ne peut pas imaginer avoir plus de fonds alignés que de sociétés alignées. L’intermédiaire financier doit informer les clients des biais induits : moins de carbone embarqué mais profil croissance renforcé et plus grande sensibilité aux taux d’intérêt. Nous devons réaliser un effort collectif comme jamais et les entreprises les premières. Les investisseurs doivent jouer aussi leur rôle d’actionnaire actif.


Serez-vous d'accord pour dire que prendre le seul score carbone comme critère de l'ISR c'est prendre le risque de rater les autres objectifs ? (social, souveraineté, gouvernance, biodiversité, etc etc ; exclure les acteurs dont on aurait besoin ; etc etc ). Bref vouloir aller tout droit comme vous le proposez ne risque-t-il pas de nous mener moins loin ?

Non. Dans le principe, le changement climatique dur (on y va tout droit avec +3° pour le CAC40) mettra en péril les acquis sociaux. Préserver le climat c’est préserver notre modèle social et réduire les inégalités.

Nous avons lancé le Score Carbone Dynamique qui se projette en 2025 pour identifier les sociétés qui font des efforts : Getlink, Schneider Electric, Sodexo, Veolia, Faurecia. En faisant des efforts, elles iront plus loin.

Vous avez raison : il faut mener le même travail que le Score Carbone sur le social et la biodiversité. Voilà des perspectives enthousiasmantes pour 2023.



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