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Finance responsable : prendrez vous l'Omnibus ?

  • Photo du rédacteur: Vincent Auriac
    Vincent Auriac
  • il y a 5 jours
  • 3 min de lecture

La Commission européenne a annoncé ce mercredi 26 février la directive dite Omnibus. Si elle est adoptée en l’état, elle pourrait profondément modifier le cadre du reporting extra-financier des entreprises : le seuil d’éligibilité passerait à 250 à 1 000 salariés et 150 à 450M€ de chiffre d’affaires (80% des entreprises ne seraient plus concernées), le reporting extra-financier serait repoussé à 2028 et le nombre d’indicateurs obligatoires à renseigner simplifié « de manière substantielle », en privilégiant les indicateurs quantitatifs. Par ailleurs, il n’y aurait plus d’indicateurs spécifiques à des secteurs d’activités.


Pour plusieurs ONG, il s’agit d’une « dérégulation massive et sans précédent » et d’un « désastre pour la transition climatique et la protection des droits humains et de l’environnement ».


Que pensez de ces annonces qui ne sont pas encore des décisions ?


Lisons ce qu’en dit une directrice RSE, Caroline Desplats de Thermador Groupe, un groupe de distribution spécialisée fort de 800 salariés : «  la philosophie de la CSRD était excellente : embarquer toutes les entreprises, partout, harmoniser le reporting et au fond (enfin) faire comprendre que risques, opportunités sociales et environnementales et pérennité économique vont de pair. Malheureusement, l'application de la CSRD telle que prévue est un cauchemar de détails bureaucratiques. Très bien pensés, mais impossibles à appliquer pour les plus petites entreprises et très coûteuses pour les autres, nécessitant la mobilisation de moyens qui réduisent d'autant les efforts pour se décarboner, éco-concevoir, etc. La solution n’est pas dans la réduction du seuil de 250 à 1000. Ce qu'il faut c'est SIMPLIFIER : une règlementation dont on comprend les exigences (la base !), réduire le niveau de détails, réduire la quantité colossale de data points ».


Nous n'avons rien appris de la notation ESG et de son utilisation par la finance. Cette notation vit depuis 1997 dans l'illusion de la profusion d’indicateurs, tous mis au même niveau, sans transparence. L'objectif ne doit pas être la complexité mais l'action. Inspirons nous des ONG qui fonctionnent par campagnes annuelles avec des objectifs chiffrés. Le plus important c’est le climat. Commençons par cela.


Chez Axylia, nous avons fait le choix du Score Carbone, un indicateur quantitatif exprimé en euros, qui déduit une facture carbone du résultat d’exploitation. C’est impactant et pilotable par les entreprises. Christophe Périllat, DG de Valeo ne dit rien d’autre à 08:40 sur BFM Business : « s'il y a un indicateur à retenir c'est les émissions de CO2, combien l'entreprise en émet et comment elle est capable de les réduire année après année. Il faut décarboner le monde


On nous dit qu’il n’y a pas que le climat mais aussi la biodiversité, le social. Le dernier rapport de l'ADEME et du Sustainable Finance Observatory confirme « la faible maturité et fiabilité des métriques actuelles ». Le lien entre changement climatique et biodiversité est de 50% selon IPBES, le plastique c’est du CO2, le climat c’est des inégalités. Décarboner beaucoup, c’est réinventer beaucoup. Avoir un objectif de rentabilité n’empêche pas une entreprise d’aborder les autres sujets de RSE. Je ne crois pas qu’un objectif de rentabilité ajustée du carbone l’empêche non plus.


Au final, il est à craindre que cet Omnibus vienne renforcer la défiance qui entoure déjà l’ESG. Les informations positives sont trop peu médiatisées. Le juge texan Matthew Kacsmaryk, nommé par Trump, vient de juger valide l'ESG dans la gestion financière qu’il compare à un itinéraire bis pittoresque aussi légitime que la route principale si le temps de trajet est le même. En Angleterre, Amundi, notre champion national, vient de décrocher un méga appel d'offres de 20 milliards de £ sur des critères climatiques, au nez et à la barbe d’un grand gestionnaire américain.


L'ESG et l’ISR ont besoin de simplification. Pour l'ISR, la France a fait le choix exactement inverse. Résultat : les performances sont décevantes, les clients déchantent. Le label ISR a exclu les ETF du dispositif, se coupant de facto de la jeune génération des épargnants qui ne connaissent qu’eux. Donnons plus de latitude aux gérants mais soyons intransigeants sur la transparence (empreinte, score carbone,…) et les mots employés.


Cette chronique est parue dans le numéro d'avril 2025 de Gestion de Fortune.

 
 
 

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